Le Général Ortlieb, ses ancêtres et les cousins de notre Arrière-Grand-Mère Émilie
Cet article – pas assez historique et trop généalogique pour être passionnant ! – est dans les archives de la famille car il a été écrit par la gazette de Ribeauvillé sur le Général à « l’occasion » du décès d’un cousin de notre AGM Émilie Ortlieb, Paul, évoqué à la fin de l’article. En rouge quelques corrections ou mises en contexte. Ci-dessous les parentés avec Émilie. A noter que Conrad Ortlieb dit le Vieux est bien un ascendant direct mais pas le général. Il y a peu d’information détaillé sur ce général de brigade. Son homonyme David Ortlieb (1797-1875) architecte et peintre, avec un degré de parenté plus proche, donne plus de matière de recherche à qui le veut.
Le Général David Ortlieb (1725-1801) de Ribeauvillé et ses ancêtres
Gazette de Ribeauvillé, 7 février 1920 par J.J. Becker.
Le nom Ortlieb comme nom de famille se trouve dans les documents les plus anciens de notre Alsace. Un bourgeois Ortlieb de Rouffach est cité comme témoin dans une charte de l’évêque Henry de Hasenburg de l’an 1183. Un chevalier Ortlieb possédait des biens à Bischwihr, près de Colmar, que sa veuve Stéphanie donna au couvent des Unterlinden de Colmar l’an 1249. Ce document est aux archives départementales à Colmar.
Plus tard, les Ortlieb sont parmi les propriétaires d’Ellenwihr détruit par les Armagnacs en 1439 et 1444. Nous savons que les habitants de ce village disparu sont venus en grande partie à Ribeauvillé. Or la famille Ortlieb apparait dès 1519 à Ribeauvillé C’est Conrad Ortlieb le vieux, + 1548, qui fut probablement le père commun de presque tous les Ortlieb de nos environs. Ce Conrad était conseiller de la ville, chargé de ramasser” le vin d’impôt (Gewerfweïn), et délégué comme tuteur des orphelins. Il joua un rôle. Dans la guerre des paysans en 1525 et habitait dans la partie de Ribeauvillé appelée «la vieille ville» une maison en haut de la rue des juifs, maintenant propriété des héritiers Rheinbold.
Conrad Ortlieb dit le vieux embrassa la réforme à laquelle sa postérité resta fidèle. Il laissa cinq fils,
- Le 1er, Hans, s’établit en 1548 à Riquewihr et son fils Conrad II devint un des plus éminents bourgeois de cet endroit en même temps l’auteur des différents rameaux Ortlieb qui’ y existent encore.
- Le 2eme, Diepolt Ortlieb, s’établit en 1564 à Colmar, où il devint bourgeois et en 1590 conseiller de la ville.
- Le 3eme, Conrad Ortlieb le jeune, devint hôtelier à « l’Étoile » à Ribeauvillé et sa branche disparut avec le fils Hans, vers 1580.
- Le 4eme, Antoine, devint greffier-notaire à St-Hyppolyte. Ses fils revinrent à Ribeauvillé et furent les derniers de cette branche.
- Le 5ieme, Paul, +1568, devint le père commun des familles Ortlieb de Ribeauvillé, Hunawihr et Beblenheim. Le fils de ce Paul s’appelait Christophe, +1639, comme conseiller de la ville chargé des travaux publics (Baumeister). C’était alors une fonction très importante. Le fils de Christophe s’appelait Paul, + 1682, qui laissa Christophe II, + 1688, et Hans-Michel avec trois filles.
Christophe II se maria tandis que Hans-Michel propagea une ligné de famille à Ribeauvillé qui prospéra jusque vers 1860 pour y disparaitre alors. Cette ligné dont la généalogie existe au complet, a fourni le pasteur Ortlieb de Riveauvillé,+ 1799.
Un fils de Christophe de Humawhir, appelé Paul, alla à Beblenheim où il eut une nombreuse descendance. Le petit-fils de Christophe Ortlieb de Hunawihr, appelé aussi Christophe revint, à Ribeauvillé, acheta en 1722 une maison dans la basse-ville à l’est de la maison de la défunte veuve Lanoir sur le rempart intérieur de la ville, où il devint tonnelier après s’être marié avec Anne-Dorothée Kopp, de Ribeauvillé, dont il eut 7 enfants. En face de cette nombreuse famille, Christophe Ortlieb vendit sa petite maison en 1733 à son voisin le grand-bailli Voille, qui l’employa pour, arrondir sa belle propriété devenue plus tard celle de Lanoir. Il avait acheté en 1737 la grande vieille maison de ses ancêtres située au haut de la rue des juifs appelée alors encore Cour Ortlieb (Ortliebhof) ou il mourut en 1761. Des 7 enfants de ce Christophe Ortlieb, trois sont morts jeune. Les autres s’appelèrent :
- Jean-Christophe, 1718—1788, relieur, dont un fils Christophe, + 1828, devint juge de paix à Ribeauvillé, et le petit-fils alla à Strasbourg.
- Jean né en 1723 qui devint tonnelier et fut le père du célèbre professeur Benjamin Ortlieb, directeur de l’école fondée par lui à Ribeauvillé. La rue « Volkslehrer> a été ainsi nommée en l’honneur de l’école qu’il y tenait.
- Jean-Michel qui alla à Beblenheim former une deuxième branche dans cet endroit.
- Enfin David Ortlieb, né le 22 Mars 1725 encore dans la petite maison basse-ville, devint le général dont nous allons retracer la carrière.
Les détails nous sont parvenus par l’intermédiaire de Monsieur le docteur Alfred Weisgerber de Paris qui a bien voulu nous obliger sur notre demande. Le jeune David Ortlieb entra comme volontaire à 16 ans au régiment suisse de Salis-Grisons le 1er Juin 1741, il devint sergent en 1745, enseigne le 20 Juillet 1746, sous-lieutenant le 4 Décembre 1747, lieutenant le Juin 1748, âgé de 23 ans. Il fut réformé avec une pension annuelle de 400 francs en 1762, lorsqu’on ne voulut plus d’Alsaciens en suisse. Le lieutenant Ortlieb s’arrête en 1762 à Ribeauvillé et fut nommé, lieutenant d’infanterie à la suite de la garnison de Strasbourg le 7 Août 1763. Ses états de service relatent les campagnes de 1740, 1744, 1745,1746, 1747, 1748 en Italie, puis 1757, 1762 en Allemagne avec le régiment suisse. Comme luthérien, il n’avait pu obtenir la croix de Saint-Louis, mais eut en 1763 celle du mérite militaire, fondée en 1759 en France pour les luthériens.
Nous trouvons donc en 1763 le lieutenant Ortlieb à Strasbourg, où il avança et devint Capitaine, puis chef du 4° bataillon du Bas-Rhin le 11 Août 1792. Il fit les campagnes 1792, 1793, 1794 et 1795 en Allemagne et reçut le 20 Août 1793 un coup de feu dans le flanc droit. Il resta deux jours sans être pansé devant Jockgrimm (Palatinat) et du prendre le commandement des Français engagés devant un ennemi supérieur.
Après cet engagement il fut promu le 25 Septembre 1793 au grade de général de brigade. Il avait été en 1793 commandant de Neuf-Brisach et avait eu pour aide de camp Jean-Jacques Muller de Ribeauvillé, lieutenant au bataillon du Bas-Rhin. Plus tard, il commanda à Huningue. Enfin, le 15 xxx thermidor (1795) il ne fut plus compris dans la nouvelle composition des états-majors que le comité de salut public avait arrêtée, et fut autorisé à prendre sa retraite.
Le général, âgé de de 70 ans, revint alors à Ribeauvillé, où il loua la maison nationale de Fraessgasse, haute-ville, qui appartient maintenant à Monsieur Reydel. Cette maison avait été la propriété de la ville pour loger le greffier-notaire (Sladtschreiber) La ville l’a vendue au pasteur Pierre Caspari, + 1721, qui l’a laissé à sa fille Marguerite, mariée au conseiller Ulrich Radius. Après sa mort, le fils Casimir-Henri Radius chancelier à la cour de Ribeauvillé, hérita de cette maison qui fut déclarée bien national en 1792, parce que Radius était allé à Munich et fut mis sur la liste des émigrés. La maison avait donc été louée par la nation et le receveur de la régie touchait le loyer annuel de 65 francs.
Notre général se trouvait dans une position peu aisée ici, étant sans fortune et ne touchant que 1224 francs de pension par an. Il avait été marié d’abord en 1755 avec Ursule Disch, veuve de Mathias Kleinmann, de Barr, et se remaria avec Marie-Madeleine Kamm qui lui survécut. Il mourut dans la maison louée de la nation le 14 messidor de l’an 9 (1801) sans laisser d’enfants. Son neveu, le juge de paix Christophe Ortlieb de Ribeauvillé, l’assista dans ses derniers jours et acheta plus tard la maison mortuaire qui passa depuis à différents propriétaires, pour être maintenant l’habitation de Monsieur Reydel.
Notre adjoint Paul Ortlieb – cousin d’Émilie – qui vient de mourir à Ribeauvillé, descend de la ligné de Beblenheim par son père Pierre-Paul, venu de Beblenheim dans notre ville. Paul Ortlieb est né à Beblenheim le 18 Décembre. 1852 d’une des plus anciennes familles d’Alsace qui s’était répandue de Ribeauvillé sur Hunawihr, Riquewihr et Beblenheim.
Son père, Pierre-Paul Ortlieb, propriétaire, à Beblenheim et frère de Chrétien Ortlieb, oncle d’Émilie notre AGM, s’était marié le 10 Février 1852, à Ribeauvillé, avec Louise Bott qui lui apporta plus tard la maison « Schützenhauss sur la route de Colmar, venue de la famille Bott. Le père Ortlieb fonda peu après la ferme « Teufeisloch » appelée maintenant ferme Ortlieb. Le jeune Paul hérita cette ferme de ses parents, mais s’en débarrassa bientôt pour devenir l’administrateur des biens de Monsieur Ostermann, à Ribeauvillé, dont il était proche parent par son père. Marié en 1895 avec Mademoiselle Catherine -correction Jeanne- Hummell, de Munster, Paul Ortlieb laisse un fils unique, Albert-Paul -correction Henri-, né en 1899, étudiant à l’université de Strasbourg.
Notre très regretté adjoint avait été élu de bonne heure au conseil de la ville de Ribeauvillé et devint adjoint déjà pendant les précédentes périodes électorales. Cette charge lui fut renouvelée aux dernières élections et la ville perd certes un homme intègre et bienveillant, au courant des affaires et respecté de toute la population.