Haïku.
par Georges Stroh
Pierre retournée
Fourmis effervescentes
Un autre monde
Moroses nuages
Longs roulements de tonnerre
Une flaque d’eau
Ventres affamés
Casseroles bien remplies
Un gargouillement
Voiture écrasée
Platane rougi de sang
Fleurs de cannabis
Lavandes en fleurs
Lumière et douceur de l’air
Une feuille morte
Arbres décharnés
Roches grises du ravin
Une coccinelle !
Trop bas sur les yeux
La casquette de pépé
Le voila parterre
Fracas des bombes
Kamikazes assemblés
Une cigarette
Tombes de granit
Larmes sombre procession
Racle une cigale
Pieds dans la boue
Visages emmitouflés
Un flocon de neige
Vous vous indignez
Stéphane Hessel disparu
Un enfant se lève
Lumière estompée
Du soleil et des étoiles
Une flaque sèche
Pompiers en alerte
Victimes carbonisées
Un grillon chante
Voitures noyées
Rivières débordantes
Je bois un verre d’eau
Limace luisante
Chèvrefeuille après la pluie
La lune bave
Rochers soulevés
Un homme muscles bandés
Roulent les cloportes
Chaleur sur ma main
Cigales et soleil crissent
Frisson d’olivier
Goutte de résine
Entre l’écorce et le tronc
L’incendie fait rage
Coquille de noix
Vague d’écume alanguie
Gronde un tsunami
Nénuphar en fleur
Des rides sur l’eau qui dort
Un enfant se noie
Cascade de fleurs
Lèvres invisibles du vent
Passe un TGV
Toiles d’araignée
Cochenilles insidieuses
Blancheur d’un sourire
Brume sur l’Ossau
Ginkobiloba dressé
Un merle s’ébat
Fureurs des orages
Cascade des stalactites
O ma libellule !
Tenir le crachoir
Mettre les tripes au soleil
Vendre un piano