La terrasse ou Les lèvres bleues

Sep 27, 2023Arts & Litterature

La terrasse ou Les lèvres bleues

2002, par Georges Stroh

A Angèle, Amélie, Alice, Hortense, Lola et Noémie ainsi qu’à la terrasse d’Ollioules … (la dédicace était à la fin de son texte)

Dalles rosées        Amphores exultantes       Olivier gris
Ombres brûlantes 
Romarins épineux       Agaves mordantes          Verveines penchées
Terrasse lovée 
Pompe grinçante       Passes furtives  Eau fugitive
Rires aigus  

Mains mouillées
Lèvres vertes
Les filles
Soulèvent
Les pierres fossiles
Couvrant
Les fourmilières


Cigales éteintes      Mains effleurées       Rêves lacés
Moments endormis 

Silence doré
La terrasse provençale
Sécrète l’été

Sifflements escarpés Flammèches mordantes Arbres embrasés
Éboulis furtifs 
Grondements fulgurants Vents frénétiques Lueurs sanglantes
Cendres éméchées
Sirènes confuses Terreurs épaisses Éclats sournois
Cigales calcinées

Mains charbonneuses
Lèvres sèches
Les filles
Caressent
La toison cendre
Couvrant
Trop de lavandes

Lumière crépusculaire Comètes acides Frissons volcaniques
Romance de braise

Les fureurs du ciel
Comme une peau écorchée
Recouvrent la terre

Séracs endormis Blizzards immobiles Forêts enfouies
Phoques éventrés
Vagues figées Reflets d’ivoire Falaises blanches
Terrasse moirée
Fourmis grouillantes Chien dépecé Olivier mort
Billot sanglant

Narines givrées
Lèvres bleues
En peaux de bêtes
Les filles
Aux dents luisantes
Lancent
Leurs osselets

Cliquetis aigus Odeurs coupantes Rires limpides
Sécrétion froide

Des orgues du gel
En meute silencieuse
Résonne le glas

Georges STROH
Le 15 novembre 2002

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