La terrasse ou Les lèvres bleues
2002, par Georges Stroh
A Angèle, Amélie, Alice, Hortense, Lola et Noémie ainsi qu’à la terrasse d’Ollioules … (la dédicace était à la fin de son texte)
Dalles rosées Amphores exultantes Olivier gris
Ombres brûlantes
Romarins épineux Agaves mordantes Verveines penchées
Terrasse lovée
Pompe grinçante Passes furtives Eau fugitive
Rires aigus
Mains mouillées
Lèvres vertes
Les filles
Soulèvent
Les pierres fossiles
Couvrant
Les fourmilières
Cigales éteintes Mains effleurées Rêves lacés
Moments endormis
Silence doré
La terrasse provençale
Sécrète l’été
Sifflements escarpés Flammèches mordantes Arbres embrasés
Éboulis furtifs
Grondements fulgurants Vents frénétiques Lueurs sanglantes
Cendres éméchées
Sirènes confuses Terreurs épaisses Éclats sournois
Cigales calcinées
Mains charbonneuses
Lèvres sèches
Les filles
Caressent
La toison cendre
Couvrant
Trop de lavandes
Lumière crépusculaire Comètes acides Frissons volcaniques
Romance de braise
Les fureurs du ciel
Comme une peau écorchée
Recouvrent la terre
Séracs endormis Blizzards immobiles Forêts enfouies
Phoques éventrés
Vagues figées Reflets d’ivoire Falaises blanches
Terrasse moirée
Fourmis grouillantes Chien dépecé Olivier mort
Billot sanglant
Narines givrées
Lèvres bleues
En peaux de bêtes
Les filles
Aux dents luisantes
Lancent
Leurs osselets
Cliquetis aigus Odeurs coupantes Rires limpides
Sécrétion froide
Des orgues du gel
En meute silencieuse
Résonne le glas
Georges STROH
Le 15 novembre 2002