Le minuscule et la soupe au sens.
1998, par Georges Stroh
LE MINUSCULE
Sur le bois patiné de la table, une tache sirupeuse de couleur grenat, grande comme un pétale d’hortentia, s’épaissit. Juste au-dessus, aux lèvres du bouchon de liège fissuré d’une bouteille couchée, perle une goutte de vin. Sur la vitre de la petite fenêtre du chai glissent quelques gouttes de pluie.
LA SOUPE AUX SENS
Un petit jet de vapeur chuinte sous le couvercle que je soulève alors. Blop! blop! Dans la marmite les borborygmes montent à la surface ambrée et moirée de vert, rouge et ivoire, couleurs fondues en un moelleux pastel. L’odeur croisée du basilic, de la tomate, du fromage de Roquefort et de la Provence, caresse mon visage dans le tourbillon d’un voile de vapeur humide et tendre je referme le couvercle et commence à saliver…
Georges STROH
U.T.L.A. / Atelier d’Ecriture i PAU, novembre 1998