Jean-Louis STROH (1888 – 1978)
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- Hommage par ses neveux Pierre , François et Bernard Stroh lors de ses obsèques.
- Le célèbre – dans la famille- « Assureur assuré ».
- Repères chronologiques inachevés de la vie de Jean-Louis (arrêt en 1947).
- Poésies
- Jean-Louis Intime
- Écrits
- L’académie du Var
- Henri et Louis à Toulon
- Autres documents administratifs
Oncle Louis par ses neveux
Avant son mariage en 1930, sa famille le nommait Louis et non pas Jean-Louis et il reste pour nous « Oncle Louis ». Selon ses parents, il avait été un enfant éminemment espiègle avant d’être un étudiant appliqué. Il restait le dimanche au logis parisien, pendant que père, frère et sœur allaient visiter les monuments et faire connaissance par eux de l’histoire nationale, Henri sachant déjà faire parler les pierres. Peut-être manquait-il à Louis la présence de son grand-père mort en 1898. Ce vieux libéral d’Ottwiller sautait les clôtures posées par les propriétaires dans les bois de Montmorency, professant que les citadins n’avaient pas le droit de compartimenter le nature de Dieu pour s’en réserver chacun une parcelle. Il faisait foin des frontières.
Selon sa mère, la santé de Louis était réputée fragile ; cette vue n’a pas résisté à l’épreuve de la guerre : il passa quatre années au grand air, et en revint féru de sport. Il jouissait d’un prestige certain auprès des garçonnets de son frère : il avait défendu la patrie dans la Somme, au Chemin des Dames et jusqu’à la Piave en Italie, en face des Autrichiens.
Docteur en droit, soldat de 1ère classe, secrétaire de compagnie, agent de liaison, parfois isolé dans la bataille éprouvante des tranchées, il était de ceux dont la présence d’esprit et le sang-froid aident les chefs à juger et à décider. Blessé deux fois, il était pour nous « le brave ».
A la fin de l’hiver 1918, arrivant en permission du front d’Italie, il alla se déshabiller au fond du jardin dans le local du lavoir, il immergea ses vêtements couverts de « totos » (les poux pullulaient dans les gourbis et les cantonnements avant de se savonner dans un cuveau; il reparut dans des vêtements de son Frère et mangea de grand appétit. Sans doute se dévouait-il en toute simplicité à la France dans laquelle il se sentait à l’aise : elle lui avait assuré ses études et il fondait sur elle son espérance de recouvrer l’Alsace. Il pratiquait la fraternité avec des camarades qu’il n’a jamais revus.
A cette époque, des Français se montraient tous les jours capables de sacrifier leur vie pour un idéal. Le 11 Novembre 1918 fut le dernier jour de l’unité nationale; elle se perpétue, dit-on, dans l’âme de la « majorité silencieuse » dont on ne parle qu’au lendemain d’une élection.
Habitant avec ses parents rue de Rosheim à Strasbourg ; Il leur assura une vieillesse heureuse; son père Georges mourut en 1926. Il retrouvait aux Clubs Alpin et Vosgien, au Cercle Nautique, des échos de la camaraderie virile de la guerre ; il était applaudi par les auditrices de ses brillantes déclamations. Les longs « trains de dimanche » emmenaient les sportifs de Strasbourg, de Colmar, de Mulhouse vers une vie sociale qui prospérait sur les sentiers et dans les auberges des Vosges
Il se lavait l’âme des souvenirs cruels en déclamant les vers de Lamartine et en retrouvant chaque été à Milly et à Saint-Point ceux qui cultivaient la tradition poétique et politique de ce grand écrivain.
Ensuite, grand escaladeur, fidèle au Massif du Mont Blanc, il s’entrainait méthodiquement à des courses mûrement préparées par de voies du 4ieme ou 5ieme degré vers les Drus ou l’Aiguillé Verte. Le Mont Blanc ne l’intéressait pas (« course longue et ennuyeuse »). Il rapportait de ses randonnées des anecdotes comme celle de l’hôtelier des Praz qui l’éveilla une nuit d’un doigt ouaté et professionnel, cognant à la porte de sa chambre. Mais au lieu de l’habituel ; « c’est l’heure », il lui dit confidentiellement en entrebâillant la porte : « Au feu ». Il répéta la même annonce à voix basse à chaque client. Louis mimait la scène et recommandait ce procédé d’alerte pour éviter la panique. Cette nuit-là, c’était sérieux, et il fallut organiser la chaine pour faire la part du feu, en attendant l’arrivée des pompiers de Chamonix.
Il deviendra un admirateur d’Alfred Sauvy, le sociologue et démographe, de dix ans plus jeune que lui.
Un été sur deux, le cercle de famille se reconstituait, en 1919 à Sainte-Marie, en 1921 à Ribeauvillé, en 1923 à Solbach, en 1925 à Saint-Gilles. Ce fut ensuite à Bertaud, à quelques kilomètres de Saint- Tropez, où Henri Stroh disposait d’un large logement de fonction. Georges IV Stroh, mort en 1926, n’a pas connu ce lieu, mais nos « grand-mères » Mathilde et Émilie, ainsi que Louis-Paul et Madeleine y séjournaient ; les enfants écoutaient, outre le récit des ascensions de Louis, ses préoccupations qui restent celles de notre temps :
- la Société des Nations doit-elle disposer d’une force?
- la représentation proportionnelle est-elle le mode le plus juste d’élection?
- Les allocations familiales résoudront-elles les problèmes posés par le faible effectif et le grand âge relatif de la population française?
Devenu sous-directeur des Assurances Sociales d’Alsace-Lorraine, il avait atteint la quarantaine lorsqu’il unit sa vie à l’une des « petites Baudoin » qui venaient de Toulon jouer au tennis à Saint-Tropez avec les Henri Stroh. Cela nous parut étrange de voir une amie devenir « tante Marise ». L’année suivante, la naissance de Georges était accueillie par Madeleine Horst avec des transports de joie : « un bébé Stroh à Strasbourg! ». L’arrivée des trois autres enfants mettait Louis en conformité avec ses convictions démographiques.
Tout Strasbourg a été évacué à la mobilisation de 1939 ; à Périgueux avec les administrations, Louis trouva un gîte pour sa famille dans la ville surpeuplée. Louis-Paul et Madeleine étaient hébergés à Lamouthe ainsi que les « grand-mères » Mathilde et Emilie. Ce n’était qu’à 60 km/h par le « tortillard »; se souvenant de leurs privations de la guerre précédente, les Horst apportaient aux Stroh de Périgueux un appui affectif et…alimentaire; Louis en outre devait parcourir la campagne pour faire face aux besoins des jeunes appétits.
La couverture sociale des Alsaciens d’abord « repliés », restés ensuite comme « réfugiés » après juillet 1940, exigeait de la part de l’administration des adaptations et de l’attention. Les militants locaux observaient et venaient se renseigner ; ils savaient aussi prendre des initiatives en matière d’entraide comme le montre l’histoire de « l’Assureur assuré » ( Présentée en partie 2).
Depuis 1930, l’extension des Assurances Sociales à l’ensemble de la France était à l’étude ; Louis Stroh était partisan d’une généralisation du régime, issu des Caisses rhénanes et institué en 1914. Son expérience lui permettait d’exposer ses vues à son directeur, M.d’Estournelles, venu de « l’intérieur », c’est à dire appartenant au cadre général.
Par ce canal, elles parvenaient au Conseiller d’État Larroque qui devait devenir à la Libération le père de la Sécurité Sociale. Paris choisit une forme de Caisses lourdes à gérer et ne couvrant que 80% des soins au lieu de 90% comme en Alsace, mais adopta les trois branches :
-Assurances Maladie et Accidents du Travail,
-Retraites,
-Allocations familiales.
Auparavant, la protection des non-salariés (et donc des chômeurs) ressortait de l’aide sociale de la commune avec le concours éventuel d’autres collectivités et d’institutions caritatives publiques et privées. Louis Stroh disait en 1945 qu’à l’avenir, les gens seraient responsables de leur misère, à condition qu’ils aient travaillé et soient de ce fait assurés sociaux Ces problèmes sont toujours actuels…
Au moment de sa retraite, il participe à la rédaction d’un ouvrage sur la Médecine du Travail dans un esprit d’humanisme ardent et agissant. Ce livre a été couronné par l’Académie Nationale de Médecine, recevant le prix FOURNIER en 1950.
A l’âge de la retraite, Louis et Maryse quittent Strasbourg pour la Côte du Plan. Ils avaient acheté cette grande maison sinistrée, pour sa vue sur les champs de fleurs d’Ollioules et la colline de Six Fours entre la baie de Sanary et la rade de Toulon. Elle fut remise en état par Fernand Chauvin, ancien de la Marine et de l’Usine de Saint-Tropez; Celui-ci avait un cœur pur et droit. Tous les Stroh tiennent à saluer sa mémoire.
Une fois installé, Louis commence par publier « Le Rideau ». Il « filait » parfois à Paris quelques jours pour retrouver le peuple qui avait charmés son enfance et pour entendre les conférences de Jankélévitch. Il était friand de ces séances à la recherche de l’insaisissable. II revint même à Paris deux ans pour résider auprès de ses enfants en cours d’études supérieures.
Retourné à Ollioules, il repart en voyage : avant que la mode ne s’en établisse, il va aux Indes et à Katmandou, toujours à la recherche de la pensée profonde de l’humanité. Il séjourne dans un Ashram qu’il quitte peiné, lorsqu’un incident banal de préséance lui montre que les gens y étaient aussi bêtes qu’ailleurs.
Louis, alias le président, alias Jean, toujours en marche et en quête de contacts humains, partait sac au dos de la Côte du Plan, à travers les restanques d’oliviers et de pins, faire le marché, revenant avec des mots provençaux qui valent bien ceux du dialecte alsacien ; « Plus frais que vous, mon poisson ! Monsieur! » entendit-t-il aussi.
Modeste, épris de générosité, il avait fait don de son corps à la science ; le cas échappe aux Pompes funèbres. Or, au matin de sa mort, des tornades d’eau comme en connait la Provence, arrêtèrent la circulation ; l’exécution de ses dernières volontés demanda beaucoup d’ingéniosité à son fils.
La personnalité originale, ouverte et tolérante, a rempli de joie tous ceux qui l’on connu. Cherchant la fraternité jusqu’aux lointains pays, sachant placer ses problèmes de carrière et de famille dans un cadre vaste, européen et au besoin mondial.
L’assureur assuré
Récit « sublimé » par Georges V Stroh
Repères Chronologiques inachevés de Jean-Louis
Chronique qui donne aussi pas mal d’information sur son frère et sa sœur, ainsi que sur Maryse et Adrie. S’arrête en 1947. Si quelqu’un de la famille à la suite …
Poésie
Critique du recueil « Le Rideau »
Poème : Les Cloches de Strasbourg, 1961
Extrait de son recueil de poème « Le Rideau »
Poème : En Automne à Strasbourg, 1969
Offert à Madeleine et Louis-Paul Horst
Jean-Louis Intime
Auteur non identifié…
Références d’écrits de Jean-Louis
A compléter… par ses œuvres poétiques
La croisade du logement, 1952, (French Edition) se trouve d’occasion mais plus curieusement en e-book
L’assurance sociale: les principaux problèmes, leur solution dans le statut alsacien et dans le projet de loi. 1924
Précis de médecine du travail, deuxième édition de 1956 (quatrième tirage de 1970). Ouvrage couronné par l’Académie Nationale de Médecine, prix Fournier 1950.
Les petites industries rurales en Alsace. Thèse pour le doctorat. 1914.
Académie du Var et Amis des Villages Varois
Henri et Louis à Toulon
Rédigé et collecté par Bernard et Georges Stroh